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Médecine et idées reçues

  • 1. Le secouement est un geste violent.

    Vrai. Cela a été démontré par l’audition publique dont les conclusions ont été publiées par la HAS le 13 septembre 2011. En particulier les lésions ne peuvent être dues à une chute de faible hauteur, au jeu ou à une manœuvre de réanimation. Cela a également été montré par l’article de Pediatrics d’août 2010 (Adamsbaum C, Grabar S, Mejean N, Rey-Salmon C.Abusive head trauma: judicial admissions highlight violent and repetitive shaking. Pediatrics. 2010;126(3):546-55 Pediatrics. 2010 Sep;126(3):546-55.)
  • 2. Le secouement peut être involontaire.

    Faux. Le geste de par sa violence ne peut être que volontaire. Ce ne peut être un geste maladroit ou malencontreux de la vie quotidienne.
  • 3. Le secouement est un geste isolé qui ne survient qu’une fois.

    Faux. Le secouement est réitéré dans 55% des 29 cas de l’article de Pediatrics 2010 (Adamsbaum C, Grabar S, Mejean N, Rey-Salmon C.Abusive head trauma: judicial admissions highlight violent and repetitive shaking. Pediatrics. 2010;126(3):546-55 Pediatrics. 2010 Sep;126(3):546-55.) de 2 à 30 fois, et en moyenne 10 fois par enfant.
  • 4. Les filles sont plus souvent secouées que les garçons.

    Faux. Quelles que soient les séries, les garçons sont plus souvent secoués que les filles.
  • 5. L’enfant secoué a moins d’1 an.

    Vrai. Les cas d’enfants secoués après un an sont beaucoup plus rares. Les enfants peuvent être secoués dès les premières semaines de vie. Dans 2/3 des cas l’enfant a moins de 6 mois.
  • 6. Le taux de mortalité varie de 10 à 40%.

    Vrai. Ce taux de mortalité fait du secouement un des mécanismes de traumatisme crânien les plus délétères sinon le plus délétère.

  • 7. Le bébé secoué peut avoir une apparence strictement normale.

    Vrai. C’est une des raisons qui explique le retard ou même l’absence de diagnostic, outre le fait que l’enfant ne peut parler et que l’auteur du secouement n’informe pas du geste commis.
  • 8. Les signes d’appel font toujours penser d’emblée à une atteinte cérébrale.

    Faux. Si les signes peuvent faire penser à une atteinte cérébrale, d’emblée ou non, ils peuvent également être trompeurs et orienter davantage vers une atteinte digestive ou respiratoire. Il faut savoir évoquer le secouement, palper la fontanelle, mesurer le périmètre crânien, et évaluer l’état neurologique de l’enfant.
  • 9. Des vomissements sans diarrhée constituent un symptôme initial fréquent.

    Vrai. Ces vomissements sont souvent attribués de façon erronée à une gastro entérite ce qui retarde le diagnostic.
  • 10. Une ecchymose chez un enfant sans anomalie de la coagulation et qui ne marche pas de façon autonome est un signe de violence.

    Vrai. Les ecchymoses sont, en l’absence de cause médicale, très évocatrices de mauvais traitements chez un nourrisson qui ne se déplace pas seul. Selon Sugar (Sugar NF, Taylor JA, Feldman KW. Bruises in infants and toddlers: those who don’t cruise rarely bruise. Puget Sound Pediatric Research Network. Arch Pediatr Adolesc Med1999;153(4):399-403.) seuls 0,6 % des enfants de moins de 6 mois et 1,7 % des enfants de moins de 9 mois examinés systématiquement en ce sens avaient une ou plusieurs ecchymoses.
  • 11. Evoquer le secouement implique de faire hospitaliser l’enfant.

    Vrai. la gravité du secouement impose l’hospitalisation sans délai en vue d’investigations complémentaires et afin de protéger l’enfant.
  • 12. La présence d’hémorragies rétiniennes est nécessaire au diagnostic de secouement.

    Faux. Dans plus de 20 % des cas il n’y a pas d’hémorragies rétiniennes et de plus, lorsqu’elles existent, elles disparaissent très rapidement parfois en quelques heures. Il ne faut donc pas exiger leur présence pour évoquer ou poser le diagnostic.
  • 13. L’hématome sous dural est la lésion la plus fréquente du SBS.

    Vrai. Il est dû à la rupture par le secouement des veines ponts allant du bord interne des hémisphères au sinus longitudinal supérieur. Dans le cas du SBS, l’HSD est plurifocal et diffus, contrairement à l’HSD par traumatisme crânien accidentel qui est localisé. Dans le SBS, l’hématome sous dural  est souvent péricérébral antérieur, interhémisphérique postérieur,  prédominant au vertex et dans la tente du cervelet.
  • 14. La présence d’un HSD qui n’est pas localisé mais plurifocal, même sans lésions cérébrales, rétiniennes, cutanées, osseuses associées, suffit à rendre le diagnostic probable.

    Vrai. Une chute de faible hauteur n’entraine qu’exceptionnellement un HSD et dans ce cas, il est localisé. Des manœuvres de réanimation, une hypoxie, le jeu n’entrainent jamais d’HSD. Donc, un HSD plurifocal suffit, seul, à rendre le diagnostic probable et impose le signalement. Les lésions associées, cérébrales, rétiniennes, cutanées, osseuses permettent d’augmenter le degré de probabilité de probable à hautement probable voire certain.

  • 15. L’IRM ne fait pas partie du bilan initial.

    Faux. Même si le scanner est indispensable et peut souvent suffire au diagnostic, l’IRM est à effectuer dès que l’état de l’enfant le permet. Elle apporte des éléments diagnostiques complémentaires (meilleure exploration de l’encéphale, visualisation du tronc cérébral, dde la moelle cervicale…) mais aussi des éléments pronostiques en visualisant les lésions cérébrales ischémiques sous estimées au scanner).
  • 16. Les radiographies du squelette complet sont toujours indispensables à la moindre suspicion de SBS.

    Vrai. Elles doivent être effectuées dans d’excellentes conditions techniques, à la recherche de fractures particulières, comme les arrachements métaphysaires propres au jeune enfant. Les fractures peuvent être d’âges différents, argument diagnostique majeur de maltraitance répétée voire habituelle. Les fractures costales sont le témoin de la prise violente de la cage thoracique par l’auteur.
  • 17. Le scanner peut être remplacé par l’IRM cérébrale.

    Faux. Le scanner est indispensable. Il permet de détecter un trait de fracture témoignant d’un impact associé et est très sensible à la recherche d’hémorragies méningées, plus difficiles à visualiser en IRM.
  • 18. Le bébé secoué est un traumatisé crânien.

    Vrai. Le secouement induit presque constamment un HSD mais également peut induire des lésions cérébrales hypo anoxiques. Ce sont principalement ces dernières qui sont pourvoyeuses de séquelles. Il importe, ce d’autant qu’il y a déjà fréquemment un retard aux soins, de faire le diagnostic rapidement afin de limiter les lésions cérébrales secondaires.
  • 19. Les séquelles peuvent être « invisibles » car uniquement comportementales ou intellectuelles.

    Vrai. Très fréquemment, mais pas toujours, et ce quel que soit le mécanisme du traumatisme crânien, les séquelles prennent la forme d’un handicap qui n’est pas apparent et qui est qualifié d’« invisible ». Les séquelles sont intellectuelles et comportementales. Les séquelles sont souvent sévères et peuvent compromettre définitivement l’insertion sociale et professionnelle ultérieure.  Il peut s’agir de troubles attentionnels, d’une agitation incontrôlée, d’un défaut d’inhibition, d’intérêt ou d’initiative, d’une incapacité à se mettre à la place de l’autre…mais aussi d’un défaut de jugement, de raisonnement, de mémoire…
  • 20. Un quart des enfants garderont de séquelles.

    Faux. Une grande majorité des enfants gardent des séquelles. Celles-ci peuvent apparaitre d’emblée mais aussi peuvent ne devenir évidentes qu’à distance du secouement par insuffisance d’apprentissage, lorsque, de plus, les exigences envers l’enfant augmentent. Cette insuffisance d’apprentissage est secondaire aux lésions cérébrales, avec altération de la plasticité neuronale.
  • 21. Ce n’est qu’arrivé en primaire qu’on peut apprécier complètement les conséquences d’un traumatisme crânien.

    Faux. Toute la période de l’enfance et l’adolescence est nécessaire au développement d’un enfant. Ce n’est qu’à la fin de la deuxième décennie qu’on peut apprécier davantage les conséquences d’un traumatisme crânien grave en termes d’efficience, d’autonomie pour les actes simples et élaborés de la vie quotidienne, enfin d’insertion sociale et professionnelle. Cette évaluation permettra de mieux évaluer les besoins d’aide nécessaires.
  • 22. Les lésions du secouement peuvent être aussi produites par le jeu.

    Faux. Il n’a pas été retrouvé dans la littérature ni dans l’expérience des experts de l’audition publique de cas de TC avec HR ou avec HSD survenu à l’occasion d’un jeu. Les études biomécaniques vont également dans ce sens avec des forces engendrées par le jeu bien inférieures, sans aucun rapport (<1/20), au seuil lésionnel connu de l’adulte. Les vidéos comparant le jeu et le secouement indiquent des mouvements de tête très différents selon le mécanisme : de faible amplitude et physiologiques pour le jeu, de forte amplitude et non physiologiques pour le secouement.
  • 23. Les lésions du secouement peuvent être aussi produites par une chute de faible hauteur.

    Faux. Une chute de faible hauteur n’entraine qu’exceptionnellement un HSD et dans le cas localisé et non diffus. Elle n’entraine également qu’exceptionnellement des HR qui ne sont jamais diffuses. Enfin il n’a été trouvé aucun cas dans la littérature d’enfant de moins d’un an présentant après une chute de faible hauteur l’association d’un HSD et d’HR.
  • 24. Les lésions du secouement peuvent être aussi produites par des manœuvres de réanimation.

    Faux. Les manœuvres de réanimation n’entrainent jamais les mêmes lésions que celles du secouement : ni HSD, ni HR.
  • 25. Certaines lésions du secouement peuvent être dues à un accouchement.

    Vrai. Après un accouchement peuvent exister des hématomes sous-duraux sus-tentoriels postérieurs ou de la tente du cervelet qui disparaissent en moins d’un mois. Les nouveau-nés sont asymptomatiques car il n’y a pas de lésions cérébrales associées. Egalement, peuvent exister, chez des nouveau-nés asymptomatiques,  des hémorragies rétiniennes localisées ou de moyenne périphérie qui disparaissent en moins d’un mois.
  • 26. Des espaces péricébraux larges prédisposent à la survenue d’un HSD.

    Faux. L’audition publique  n’a pas trouvé d’arguments dans la littérature en faveur de cette hypothèse.
  • 27. Des espaces péricérébraux larges peuvent être la conséquence de secouements antérieurs.

    Vrai. Deux études prospectives plaident pour le fait que l’élargissement des espaces péricérébraux objectivé à la phase initiale corresponde non à un EESA Elargissement des Espaces Sous Arachnoïdiens (« hydrocéphalie externe »), mais à des lésions séquellaires d’un traumatisme crânien antérieur méconnu. La courbe de périmètre crânien est une donnée importante.
  • 28. Le secouement constitue toujours une infraction pénale.

    Vrai. Le secouement constitue toujours une infraction pénale. L’enfant secoué est donc toujours victime d’une infraction pénale.
  • 29. Le signalement, s’impose dès que le diagnostic de secouement est probable, donc dès qu’il est constaté un HSD plurifocal même sans aucune autre lésion associée.

    Vrai. Le signalement au procureur de la République, avec copie au président du conseil général, s’impose. Est ainsi déclenchée une double procédure, civile pour protéger l’enfant sans délai et pénale puisqu’il s’agit d’une infraction.
  • 30. Faire un signalement, en respectant les règles de rédaction, comporte des risques pour le rédacteur du signalement s’il s’avère infondé par la suite.

    Faux. Faire un signalement, en respectant les règles de rédaction, (mettre le lien avec le conseil de l’ordre) ne comporte aucun risque pour le rédacteur du signalement s’il s’avère infondé par la suite. Le dernier alinéa de l’article 226-14 du Code pénal dispose que « le signalement aux autorités compétentes effectué dans les conditions prévues au présent article ne peut faire l’objet d’aucune sanction disciplinaire ».
  • 31. La reconnaissance de l’infraction pénale ouvre la possibilité d’une indemnisation pour l’enfant.

    Vrai. La reconnaissance d’une infraction pénale par une expertise médicale d’imputabilité ouvre la possibilité pour l’enfant d’une indemnisation, même si l’auteur du secouement n’est pas identifié.
  • 32. Le mot maltraitance n’existe pas dans les textes de loi.

    Vrai. Le mot maltraitance n’existe pas dans les textes de loi, on parle de violence ou d’enfant en danger.