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Mécanisme du secouement

Le secouement est un geste violent et souvent réitèré. Il ne peut s’agir d’un jeu. Un impact n’est pas nécessaire : le secouement sans impact suffit à créer des lésions. Une seule fois suffit. Le secouement est un acte volontaire.

Dans le syndrome du bébé secoué, le bébé est empoigné par l’adulte qui le secoue pour le faire taire.

  • Origine des lésions

    Les lésions sont dues :
    d’une part à un effet mécanique avec possiblement :

    • rupture des veines passant en pont de l’encéphale au sinus longitudinal supérieur à l’origine de l’hématome sous-dural
    • contusion parenchymateuse
    • lésions oculaires
    • lésions cutanées
    • lésions osseuses
    • lésions médullaires

    D’autre part à un manque d’oxygène secondaire aux pauses et arrêt cardio-respiratoire par dysfonctionnement des centres régulateurs cardio respiratoires.

  • Le secouement est un geste violent

    Le secouement est un geste violent et souvent réitéré.
    C Adamsbaum et C Rey-Salmon ont pu confronter les données cliniques et judiciaires concernant 29 enfants pour lesquels des aveux étaient disponibles1.
    Le geste rapporté était toujours d’une extrême violence, sans aucun rapport avec un jeu ou un geste de la vie quotidienne.
    Dans 55 % des cas, il était de plus réitéré : de 2 à 30 fois par enfant et en moyenne 10 fois.
    Cette possible réitération et la gravité des séquelles induites par le secouement impliquent de prêter une grande attention au moindre signe évocateur de violence chez un nourrisson en particulier aux ecchymoses exceptionnelles chez un nourrisson n’ayant pas acquis la marche autonome.2
    Il faut se méfier également des idées préconçues. Jenny a montré que le diagnostic est d’autant plus tardif que le contexte social est favorable.3
    Au plan sémantique, il est important de souligner que certains termes et notions n’ont pas les même sens selon les champs professionnels médical et judiciaire et sont sources de malentendus et d’incompréhension.
    Lorsque dans le langage courant on dit « il ne l’a pas fait exprès », on a à l’esprit les conséquences de l’acte plutôt que l’acte lui-même. Ceci peut même amener certains, confondant maltraitance et malveillance, à penser que le secouement ne constitue pas une maltraitance. Or un adulte exaspéré qui ne se contrôle pas et secoue un bébé pour le faire taire le maltraite assurément.
    La loi, quant à elle, dissocie la volonté de l’acte de secouement de celle des conséquences de l’acte. Un adulte qui secoue un bébé pour le faire taire, commet un acte volontaire puisque c’est lui seul qui a voulu l’acte. Enfin, le terme maltraitance utilisé par les soignants n’existe pas dans les textes de loi. La loi du 5 mars 2007 parle d’enfant en danger et non d’enfant maltraité, les autres lois parlent de violence.

  • Le secouement sans impact suffit à créer des lésions

    « Un impact n’est pas nécessaire, le secouement sans impact suffit à créer des lésions. Il existe suffisamment d’arguments cliniques, radiologiques, autopsiques et biomécaniques pour affirmer qu’un HSD peut survenir sans impact en cas de secouement :

    Éléments biomécaniques

    Duhaime et al.4 dans leur étude princeps de 1987 estimaient qu’un secouement sans impact ne pouvait pas être à l’origine de lésions cérébrales ou d’HSD, mais les valeurs de référence utilisées avaient été obtenues sur des primates sans qu’il soit établi qu’elles puissent être transposées à l’enfant.
    Des études biomécaniques plus récentes indiquent qu’un secouement sans impact suffit à la rupture des veines ponts. Roth et al.5 , en utilisant un modèle d’éléments finis de têtes de nourrisson, ont montré que, même si les valeurs de pression et de cisaillement sont significativement plus importantes en cas d’impact, en revanche l’allongement relatif des veines ponts est comparable qu’il y ait ou non impact (180 %) et dépasse le degré d’étirement nécessaire à la rupture des veines ponts d’enfants de moins de 3 mois (150 %)6.

    Éléments cliniques

    Plusieurs études cliniques confirment la possibilité d’HSD par secouement sans impact7,8,9,10,11,12
    De plus, les HSD sont plus fréquents dans les cas avérés de TCI par secouement que dans les TC accidentels, à âge identique de l’enfant13,14,15,16.

    Éléments autopsiques

    Des données autopsiques confirment également l’existence d’HSD sans trace d’impact externe17. » Extrait du rapport d’orientation de la commission d’audition.

Bibliographie

1Adamsbaum C, Grabar S, Mejean N et al. Abusive head trauma : judicial admissions highlight violent and repetitive shaking. Pediatrics 2010 ; 126 : 546-55.
2Sugar NF, Taylor JA, Feldman KW. Bruises in infants and toddlers: those who don’t cruise rarely bruise. Puget Sound Pediatric Research Network. Arch Pediatr Adolesc Med 1999 ;153(4):399-403.
3Jenny C, Hymel KP, Ritzen A, Reinert SE, Hay TC. Analysis of missed cases of abusive head trauma. JAMA 1999;281(7):621-6.
4Duhaime AC, Gennarelli TA, Thibault LE, et al. The shaken baby syndrome. A clinical, pathological, and biomechanical study. J Neurosurg 1987;66:409-15.
5Roth S, Raul JS, Ludes B, et al. Finite element analysis of impact and shaking inflicted to a child. Int J Legal Med 2007;121:223-8.
6Morison CN. The dynamics of shaken baby syndrome. 2002; pp.1-138. University of Birmingham.
7Biron D, Shelton D. Perpetrator accounts in infant abusive head trauma brought about by a shaking event. Child Abuse Negl 2005;29:1347-58.
8Hymel KP, Makoroff KL, Laskey AL, et al. Mechanisms, Clinical Presentations, Injuries, and Outcomes From Inflicted Versus Noninflicted Head Trauma During Infancy: Results of a Prospective, Multicentered, Comparative Study. Pediatrics 2007;119:922-9.
9Kemp AM, Stoodley N, Cobley C, et al. Apnoea and brain swelling in non-accidental head injury. Arch Dis Child 2003;88:472-6.
10Mireau E. Syndrome du bébé secoué : hématome sous-dural du nourrisson et maltraitance, à propos d’une série de 404 cas. Thèse de médecine. 2005. Université de Paris V.
11Morris MW, Smith S, Cressman J, et al. Evaluation of infants with subdural hematoma who lack external evidence of abuse. Pediatrics 2000;105:549-53.
12Starling SP, Patel S, Burke BL, et al. Analysis of perpetrator admissions to inflicted traumatic brain injury in children. Arch Pediatr Adolesc Med 2004;158:454-8.
13Ewing-Cobbs L, Kramer L, Prasad M, et al. Neuroimaging, physical, and developmental findings after inflicted and noninflicted traumatic brain injury in young children. Pediatrics 1998;102:300-7.
14Feldman KW, Bethel R, Shugerman RP, et al. The Cause of Infant and Toddler Subdural Hemorrhage: A Prospective Study. Pediatrics 2001;108:636-46.
15Hymel KP, Makoroff KL, Laskey AL, et al. Mechanisms, Clinical Presentations, Injuries, and Outcomes From Inflicted Versus Noninflicted Head Trauma During Infancy: Results of a Prospective, Multicentered, Comparative Study. Pediatrics 2007;119:922-9.
16Jayawant S, Rawlinson A, Gibbon F, et al. Subdural haemorrhages in infants: population based study. BMJ 1998;317:1558-61.
17Gill JR, Goldfeder LB, Armbrustmacher V, et al. Fatal head injury in children younger than 2 years in New York City and an overview of the shaken baby syndrome. Arch Pathol Lab Med 2009;133:619-27.